« On a vraiment peur que ça fasse courir un risque à l’établissement. » Un climat étouffant s’est abattu sur le lycée Condorcet, à Limay (Yvelines), depuis un cours sur la représentation infernale dans la poésie, du Moyen Âge au XVIIIe siècle. (…) Une enseignante a été menacée et accusée à tort de blasphème. (…)
Courant octobre, dans une classe de seconde, lors d’un cours de français intitulé « Bienvenue en Enfer », un élève demande à l’enseignante de montrer « des images » représentant cette notion chez les musulmans. (…) « J’ai expliqué aux élèves ce que j’avais vu sur Internet. Ça allait à l’encontre de mes valeurs. Par respect pour [ceux] de confession musulmane, par respect pour les autres confessions et par respect pour l’établissement, j’ai expliqué que je ne les montrerai pas, mais qu’ils étaient libres d’aller faire leur propre recherche » (…)
C’est alors qu’un autre élève réagit sur un ton accusateur : « Madame, ce que vous dites est grave, là. Vous voulez dire que vous avez vu le prophète avec des femmes en Enfer. » Incompréhension ? Provocation ? Insolence ?
Toujours est-il qu’il adresse dans la foulée des menaces à peine voilées à sa prof : « D’ailleurs, Madame, vous finissez à quelle heure aujourd’hui ? Je pense que les mardis vous finissez plus tôt ? Et le jeudi aussi ? » En sortant de la salle, il lancera même : « Madame, faites attention à vous en rentrant ce soir… » (…)
Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Dans les jours qui suivent, à chaque cours, le premier élève, celui qui voulait voir des images de l’Enfer selon l’islam, revient curieusement à la charge de manière insistante pour que l’enseignante montre à la classe ces éléments. La prof, en arrêt maladie depuis, ne cède pas. « Son attitude est de plus en plus agressive au fil des jours », relève-t-elle dans un autre rapport. (…)
D’après d’autres sources, ces deux garçons – contre qui une procédure disciplinaire a été engagée – et leur famille sont inconnus des services de police et ne présenteraient pas de signes d’une radicalisation quelconque. (…)
« Mardi 15 octobre : une enseignante de mathématiques voit un élève entrer dans sa classe. Sans regarder le tableau, ni les élèves, il s’approche vers elle et demande si elle est professeure de français. Elle fait remarquer qu’il n’est pas élève. Sans réponse. » Aucun lien ne peut être établi pour le moment entre le quiproquo initial et cette intrusion. (…)
L’affaire qui agite le lycée Condorcet de Limay (Yvelines) depuis près d’un mois est prise très au sérieux par les services de l’État. (…)
(Merci à Titi.)
