Dans le village de Crépol comme dans le quartier populaire de la Monnaie de Romans-sur-Isère, la mort de Thomas et sa récupération politique par l’extrême droite ont laissé des traces. Un an après, leur population tente d’amorcer le jour d’après.
(…) Hafid, 50 ans, technicien informatique au centre hospitalier de Valence, connaît ce quartier de Romans comme personne. Il y a grandi, en est parti, puis est revenu. « Par attachement. » Avec lui, nul besoin de se contorsionner. La mort de Thomas et sa tentative de récupération politique, il y vient immédiatement.
« Quand j’ai appris ce qui s’est passé, j’étais effondré et révolté, confie-t-il. C’est un jeune de chez nous, je ne fais aucune différence avec ceux du quartier. Sauf qu’on nous a privés de notre deuil pour nous désigner comme des coupables. » Quand il dit « on », Hafid vise « les fachos de la France entière ». Ceux qui se sont « emparés de l’antenne » pour déverser leur fiel contre l’immigration.
(…) Dans la Drôme, le taux de chômage s’élève à 8,2 %, contre 6,4 % pour le reste de la région. Moussa souffle : « C’est malheureux, le monde extérieur ne veut pas les connaître et eux s’en méfient au point d’avoir parfois un couteau sur eux. »