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Johanna Rolland grandit dans «une famille typique de l’Ouest» : une mère institutrice, chrétienne, un père employé de banque, syndicaliste CFDT et anticlérical, et une forme d’humanisme en commun. L’aînée de trois filles vit une enfance préservée. Aujourd’hui encore, sa famille est l’îlot sur lequel elle se réfugie avec son père, ses sœurs, son mari enseignant et ses deux enfants adolescents. Après Sciences-Po Lille, comme tant d’autres à son âge, la jeune femme veut travailler dans une ONG en Afrique, faire «du terrain», de «l’humanitaire». Mais après quatre mois à Pretoria, elle décide de rentrer en France pour se rapprocher de sa mère malade. Ce ne sera donc pas le bout du monde mais Le Creusot où, employée par la mairie, elle se «découvre un goût immodéré pour les quartiers populaires» et retrouve «la fibre» qu’elle cherchait. On pourrait tomber dans le misérabilisme si elle ne percevait pas la caricature qui rôde : «Une nana blanche surdiplômée qui veut travailler sur les quartiers.» Chargée de mission pour un projet de politique de la ville, elle apprend à connaître les habitants, à comprendre leur vie, «des choses qui m’ont toujours accompagnée depuis, moi qui ai grandi dans la classe moyenne». Il y a, dit-elle, ces gens qui lui racontent comment le regard sur eux a changé après le 11 Septembre ou cette mère qui explique que son fils, 12 de moyenne, est envoyé vers un bac pro qu’il n’a pas choisi.

Libé

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