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Note de FDS : Tribune de Solène Brun et Claire Cosquer dans afin de protester contre la décision du Parlement européen de reporter la table ronde à laquelle l’universitaire controversée Maboula Soumahoro était conviée.


Cette tentative de bâillonnement constitue une menace inacceptable à l’encontre des sciences sociales en général, de l’analyse des inégalités raciales en particulier. Le Parlement européen a pour l’instant pris la décision de reporter la table ronde, alors que l’extrême droite continue son chantage pour obtenir son annulation définitive.

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Le fantasme de la blanchité en danger

Cette mise en scène de la vulnérabilité blanche, qui serait victime de « racisme », s’inscrit dans une longue histoire d’anxiétés raciales quant à la mise en danger du groupe majoritaire et intimement liées à la défense de la suprématie blanche. La « population historique européenne », telle qu’elle est fantasmée par l’extrême droite, serait par exemple sous la menace sans cesse renouvelée d’un envahissement ou d’un « remplacement ». L’extrême droite agitait hier le danger du « péril juif » ou encore du « péril jaune », elle explique aujourd’hui que l’Europe est mise en danger par les migrants postcoloniaux, en particulier lorsqu’ils sont musulmans. Le thème du « racisme anti-Blancs » mais aussi celui de la « haine de la France » ou de l’Occident constituent d’autres variations de cette même mise en scène d’une blanchité en danger. L’ensemble de ces discours mettent en avant une idée principale : il faudrait défendre et protéger une population blanche menacée d’être « grand-remplacée » ou tout simplement assassinée, à en croire les élucubrations paranoïaques sur le « francocide » d’Eric Zemmour ou encore celles de Marion Maréchal, qui se pose en défenseuse des « petits Blancs » « intimid[és], insult[és], frapp[és], viol[és] et parfois tu[és] ».

Les pressions exercées par l’extrême droite reposent sur une inversion totale des faits, dans un geste trumpiste qui assume presque de n’avoir cure de la vérité. Peu importe qu’aucune recherche scientifique recevable, c’est-à-dire validée par les pairs, n’établisse l’existence de ce supposé « racisme anti-Blancs ». Peu importe que les sciences sociales déploient des outils d’enquête et des méthodologies précises pour documenter, étudier et comprendre quels sont les avantages dont bénéficient les personnes blanches dans les sociétés contemporaines. Peu importe qu’elles déploient ces mêmes enquêtes pour comprendre comment ces personnes en sont venues à être désignées aujourd’hui comme blanches et de quelle manière les hiérarchies raciales se sont imposées puis perpétuées, y compris sous des formes moins explicites. Cerise sur le gâteau, l’extrême droite parachève son mépris du réel en qualifiant de « « complotistes » » les « théories » qui identifient un privilège blanc. La virulence de ce négationnisme antiscientifique rappelle la mobilisation réactionnaire contre les études de genre, qui présentait elle aussi le genre comme une « théorie » et s’armait de ses plus belles œillères quand il s’agissait de lire des descriptions on ne peut plus empiriques d’inégalités salariales ou de rôles sociaux différenciés.

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Le Nouvel Obs

Photo d’illustration : Instagram public de Solène Brun.


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