Théâtre de «violences croissantes», envahi par les vendeurs à la sauvette, miné par l’insécurité , l’Est du 18e arrondissement de Paris est «en proie à la loi de la jungle» , assurent certains de ses habitants. « Si près du Sacré-Cœur, si loin du cœur de Paris !, se lamentent-ils. « Mais jusqu’à quand et jusqu’à quel point notre quartier sera-t-il sacrifié ? »
Un sexagénaire tué par balle vendredi dernier dans un McDonald’s du boulevard Ornano. Trois personnes agressées au marteau, le 23 novembre, dans un immeuble de la Goutte d’or, par des individus cagoulés. Une rixe à «coups de couteau et de machette» , le 31 août, impliquant «une quarantaine de personnes de la communauté afghane» , dans le quartier Marx-Dormoy. […]
Plus au sud, autour du métro La Chapelle, c’est en revanche la désolation. «Où sont passées nos charcuteries, cavistes, librairies, fromageries ? , questionnent les habitants les plus anciens. Tous nos magasins se font peu à peu racheter par des Afghans. » Certains sont suspectés de blanchiment d’argent. Rue Marx-Dormoy, une commerçante confirme : « Ils offrent 300.000 euros en liquide. »
Un peu plus loin, au Kabul restaurant fait face l’échoppe Kabul mobile. Elle-même encadrée par une boucherie halal et le Bismi salon de coiffure, pour hommes uniquement, qui propose l’ « Afghan hair style » ou l’ « Indian hair style ». Sur la devanture rouge du Kaboul Market, à part « alimentation général » (sic), tout est écrit en dari. Des dizaines d’hommes en noir vendent des cigarettes autour du square Louise de Marillac, où plus aucun enfant ne vient jouer . . […]
À Château-Rouge, les riverains décrivent « une zone où le droit ne s’applique plus » . Ce soir-là, devant la sortie du métro, des vendeurs à la sauvette disposent leurs articles sur des cageots renversés : du Sniper, un insecticide censé tuer les punaises de lit, interdit à la vente en France, tout comme les produits de blanchiment de la peau. « 2 euros la pièce ! » , scande un homme, flacons de shampooing en main, à côté d’une femme en boubou, agitant des pantalons de jogging. […]
Même sentiment d’abandon à Barbès. « Hier soir, en rentrant d’une balade avec notre bébé, nous avons manqué de nous faire brûler par des pétards envoyés par des individus qui dealent sous nos fenêtres », raconte un jeune couple. […]
«Le bien vivre-ensemble, c’est ça ?, interroge le collectif de locataires, Résilience 18. Depuis que notre résidence est gérée par la Régie immobilière de la ville de Paris (RIVP), c’est devenu un ghetto. À chaque fois que des locataires s’en vont, excédés, la RIVP les remplace par des familles subsahariennes. Notre problème n’est pas leur origine, mais le fait que ces nouveaux arrivants n’aient pas les mêmes codes et ne soient pas accompagnés. Trois familles françaises ont encore déménagé le mois dernier; on est désormais en minorité… » […]