Naceer est accusé d’une tentative de féminicide sur son épouse en mai 2022. En arrière-plan de ce procès ressort le poids du patriarcat dans le pays d’origine du couple, l’Afghanistan. Tous deux avaient fui le régime intégriste des talibans mais Fakhria a été rattrapée par la loi de son mari.
[…]Le drame de Fakhria commence par la mort de son père, tué dans un attentat suicide des talibans en 2013. « Mon frère est tombé en martyr », assène Reza Habibi. Là, débute la lente descente aux enfers de l’adolescente alors âgée de 17 ans. Elle doit quitter l’école pour se marier. « C’est très difficile d’être orpheline de père en Afghanistan. C’est considéré comme être une prostituée », explique l’oncle qui s’exprime en farsi, une langue persane. Il a désormais la responsabilité de la famille et celle de marier sa nièce.
[…]Un nouvel événement s’invite dans sa vie. En août 2021, les talibans s’emparent du pouvoir. Les femmes sont bannies de la vie publique. Naceer, hostile aux religieux, doit abandonner son poste. L’oncle Reza est exfiltré vers la France. Il emmène dans ses bagages le jeune couple et leur enfant. Début octobre 2021, la jeune femme et son mari sont installés dans un centre de demandeurs d’asile (Cada) dans les Yvelines. L’espoir d’une nouvelle vie.
Fakhria peut se promener cheveux au vent, porter des pantalons et des vestes courtes. C’est ainsi qu’elle se présente ce mardi devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis. Elle suit des cours de français. Naceer se crispe davantage. « Il lui demandait de s’habiller d’une certaine façon et voulait qu’elle reste à la maison », rapporte l’oncle. En France, Fakhria paraît encore moins libre qu’en Afghanistan. Le chaperon veille toujours sur son « 14e enfant ». Il tente aussi de raisonner Naceer : « On est en Europe ! » lui rappelle l’oncle. « Elle veut être européenne. Moi, je ne veux pas », rétorque le mari.
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