(…) 16 avril 2024. Le prévenu avait grillé la priorité. C’est pourtant lui qui descend de sa Peugeot 206, pour s’approcher de la conductrice qui avait dû s’arrêter pour l’éviter… et qui avait juste eu le malheur d’utiliser son avertisseur sonore. Voyant cela, le chauffeur d’un minibus tente de s’interposer. Sans descendre de son véhicule, il lui demande de cesser d’importuner cette femme.
Démarche moyennement appréciée : l’automobiliste énervé suivra le minibus sur plusieurs kilomètres. Arrivé à sa hauteur et vitre ouverte, il fait de grands gestes et profère des insultes racistes : « Arrête-toi, espèce de sale blanc, sale Français ! » (…) Il reconnaît les injures, mais pas d’avoir dit ‘Je suis là pour prendre vos allocations et baiser vos femmes’. Le conducteur du minibus, présent à l’audience, est sûr d’avoir bien entendu ces propos.
(…) dès le lendemain, il a menacé de mort deux employés du Leclerc de Paramé. Cette fois, c’est parce que le personnel du magasin n’était pas parvenu à activer sa carte Google. Il a proféré injures et menaces de mort : « Je vais vous tuer… par le Coran je t’égorgerai, je te défoncerai le crâne à coups de clé. » (…)
Il reconnaît être impulsif, comme en témoigne d’ailleurs son casier émaillé de 8 mentions.
En défense, Me Laurent-Callame explique être « tombée des nues » (…) Elle relève aussi « le côté invraisemblable de ce dossier » : « Mon client est aussi français que vous et moi, il est né en France, son père et sa mère sont français. Ces injures, c’est comme s’il avait dit ‘je me déteste parce que je suis français. » (…)
(…) Elle évoque l’enfance à Sarcelles (Val-d’Oise) cernée par violence à la maison comme dans la rue. « Il a pu y survivre grâce à une certaine réactivité », insiste-t-elle pour tempérer son impulsivité.
L’homme conclut en s’excusant auprès des personnes à qui il a « fait du tort ». Il est condamné pour menaces de mort et injures publiques en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion. Il écope de six mois de prison avec sursis probatoire l’obligeant à suivre des soins et à travailler. Le parquet avait sollicité deux mois de plus avec sursis. Il devra verser 950 € en tout aux trois parties civiles. (…)
Maître Denise Laurent-Callame fête ses 80 ans en 2024. Portrait de la doyenne des avocats de Saint-Malo, riche de ses victoires, de ses combats et d’une énergie à toute épreuve. (…)