Depuis 26 ans, Lucéram (Alpes-Maritimes) se mue en crèche géante pendant huit semaines. Un formidable témoignage de l’enracinement d’une tradition cultuelle et culturelle dont la création est souvent attribuée à saint François d’Assise.
N’en déplaise à la poignée d’associations qui, invoquant la sacro-sainte Laïcité, voudrait débarrasser l’espace public des crèches de Noël, la coutume perdure. À Montpellier, le tribunal administratif a rejeté mercredi les deux requêtes en référé de la Ligue des droits de l’homme qui demandait notamment que la crèche de l’hôtel de ville de Béziers soit retirée.
De l’autre côté du littoral méditerranéen, dans l’arrière-pays niçois (Alpes-Maritimes), un village incarne de manière unique – et avec splendeur – l’enracinement de cette tradition séculaire dont la création est souvent attribuée à saint François d’Assise. Depuis 26 ans, Lucéram se mue en crèche géante pendant huit semaines : «Du 4 décembre au 2 février, période pendant laquelle Marie est restée dans l’étable», précise l’instigatrice du projet, Christiane Ricort. En 1998, le village aux 1200 âmes avait installé 33 crèches provençales, il y en a cette année plus de 450.
«Tout le village est mis à contribution, c’est aussi ce qui fait notre particularité. Tout le monde, ou presque, participe. Le maire lui-même a condamné son escalier pour installer des santons», illustre Christiane, par ailleurs première adjointe, photo à l’appui. […]
«Les polémiques autour du sujet me rendent triste», réagit Christiane Ricort depuis un petit local où se trouve sa dernière création, une crèche qui lui a demandé onze mois de travail. «On est quand même en droit de défendre nos racines chrétiennes. Il y a une église à Lucéram et sept chapelles, cela veut bien dire ce que cela veut dire. La Laïcité, c’est aussi la tolérance», s’agace-t-elle. Et d’ajouter : «Ces gens qui veulent interdire nos crèches, on devrait leur imposer de travailler le 25 décembre». […]