L’édile de la ville bretonne de Molaix (Finistère) est confronté au développement du trafic de drogue, qui génère une violence à laquelle les habitants n’étaient pas habitués. Au-delà des mesures sécuritaires prises, il rappelle l’importance du travail social pour lutter contre le phénomène.
Le trafic de drogue, « je savais que j’y serai confronté, mais pas à ce point-là ». Elu en 2020, Jean-Paul Vermot, le maire (socialiste) de Morlaix, dans le Finistère, va de surprise en surprise. « Ici, on a des jeunes des campagnes alentour qui disent qu’il n’y a plus une fête sans cocaïne », confie-t-il, éberlué. « Pour la première fois », ajoute l’élu, le narcotrafic et la consommation « touchent jusqu’au moindre village ».
Certes, la ville de près de 15 000 habitants, située non loin du port de Roscoff, a toujours plus ou moins été confrontée au problème de la drogue. Mais cette année a marqué une étape : le trafic a fait irruption sur la voie publique, tout comme les armes à feu. Le commandant du commissariat de police de Morlaix, Renaud Moal, évoque « une lutte de bandes ». L’une a voulu prendre son indépendance « et ça s’est mal passé », raconte-t-il. Bagarres, tirs au fusil de chasse dans la porte des rivaux : « Ça montait en puissance entre les deux, poursuit le policier. Mais depuis qu’on les a arrêtés, c’est redevenu calme. » […]
D’où vient cette délinquance ? Personne ne sait. Une commerçante assure que la lutte de territoire dans des grandes villes du département, comme Brest ou Quimper, pousse certains dealeurs à prospecter de nouveaux marchés. « C’est une hypothèse », admet le commandant Moal. Mais il y en a d’autres : comme cette « personne venue de La Courneuve », en Seine-Saint-Denis, qui pourrait bien avoir « importé des méthodes », dit-il. […] Selon le maire, un profil type des délinquants a pu être dressé : des jeunes du cru, âgés de 14 à 19 ans, issus de familles monoparentales, en décrochage scolaire et immédiatement intégrés dans un réseau de deal. […]
