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Danièle et André contemplent la charpente, à travers le trou béant dans le parquet de leur salon de Roubaix (Nord). « Ça, c’est bien triste », souffle le retraité, le visage éteint. Du mur au-dessus, il ne reste que les pierres, laissant entrer l’air glacial du mois de décembre. Pareil dans la chambre parentale. Depuis 35 ans, ils sont propriétaires de cette maison de maître roubaisienne, au 38, rue des Arts. « Avant on vivait bien ici, on était heureux. C’est là qu’on a élevé nos enfants, raconte André. Tout a été foutu en l’air… »

Le cauchemar débute en 2014, lorsque les voisins de Danièle et André abandonnent leur maison. Les vingt-trois membres de la famille Tahar Aouidate quittent Roubaix pour faire le djihad en Syrie. Le 40, rue des Arts, reste inoccupé.

En 2019, des trafiquants de drogue y installent une ferme à cannabis, démantelée l’année suivante. La maison dépérit.

« Les fenêtres étaient ouvertes, l’antenne est tombée, des tuiles aussi, le lierre poussait jusqu’à entrer à l’intérieur… » L’habitation finit par se gorger d’eau. Et la demeure attenante de Danièle et André aussi.

En janvier 2022, ils signalent un sinistre à leur assurance, la Matmut, qui refuse d’intervenir tant que la source du dégât des eaux n’est pas réparée. La mairie de Roubaix est prévenue, mais légalement, il lui est impossible d’agir sur une propriété privée. Or, les voisins djihadistes se sont volatilisés depuis longtemps : certains sont morts, d’autres emprisonnés. (…)

En août 2024, un champignon, la mérule, se développe. La situation devient intenable. (…) Selon les différents devis, les traitements contre la mérule et les réparations coûteraient au total entre 43 000 et 66 000 euros. (…) pour réparer leur foyer, il faut que la maison d’à côté soit mise hors d’eau et que la mérule qui y prolifère soit traitée.

Philippe Stephan, adjoint chargé de l’urbanisme à la mairie de Roubaix, l’assure : « C’est un dossier prioritaire ». Élu depuis 2020, il ne s’explique pas pourquoi la situation n’a pas été prise en main plus tôt. (…)

« C’est notre vie qui est détruite. Les procédures administratives sont trop longues… » déplore André. Le retraité pleure tous les jours. Sa femme ne dort plus. Pour eux, la situation presse.

Le Parisien

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