NotedeFDS : plus de 35 questions, en voici 8.
Le JDNews. Vous aviez prévu de nous accorder une grande interview sur Mayotte. Lors du vol retour, vous apprenez le décès de votre père, Jean-Marie Le Pen. Malgré ce deuil et vos hésitations, vous avez maintenu votre décision de nous parler. Pourquoi ce choix ?
(…) Mon drame personnel risque d’éclipser le leur, et je ne pourrai même pas parler d’eux. Pourtant, je suis allée sur place, je leur ai promis d’être leur porte-parole, de porter leur réalité et de témoigner des conditions terribles dans lesquelles ils vivent. (…) Je ressens un devoir profond et une véritable obligation morale envers eux
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Y a-t-il un témoignage qui vous a particulièrement marqué ?
Juste avant de prendre l’avion, un agriculteur m’a raconté : « J’avais 12 000 poules dans un grand hangar en tôle. Chido a pris toute la tôle et a tué 8 000 de mes poules. Dans les trois jours qui ont suivi, les 4 000 autres ont été volées. Puis les clandestins sont revenus, masqués et armés, pour démonter la charpente et l’utiliser pour reconstruire les bidonvilles. » Cerise sur le gâteau, ils ont gagné cinq mètres sur son terrain. Donc on voit bien qu’il s’agit aussi d’une véritable lutte territoriale. Voilà où nous en sommes : soit on regarde la situation de Mayotte en face et on prend des décisions à la hauteur de ce problème, soit on perdra Mayotte.
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Un magazine a publié sur internet une photo de vous en larmes au moment où vous apprenez la mort de votre père. Comment jugez-vous cela ?
Je trouve ça immonde. Ce qui est impardonnable, ce n’est pas de commettre une erreur, mais de le faire délibérément. Et là, ce n’était pas une erreur. Lorsque Jordan [Bardella], profondément choqué par cette publication, a téléphoné à la rédaction, le directeur de ce journal semblait fier de son coup. Dieu merci, sa direction est finalement intervenue pour retirer cette photo. Mais cela me donne le sentiment qu’aujourd’hui, on vit dans un pays où tout semble permis. Pourtant, tout n’est pas permis.
Est-ce que vous avez le sentiment que, lorsqu’il s’agit de vous, tout semble permis ?
Pardon, mais enfin, certains journalistes ont osé photographier le fils de Romy Schneider sur son lit de mort… Et pourtant, elle ne faisait même pas de politique. Cela relève d’une question de morale, vous comprenez ? Ce n’est même pas une affaire de légalité ou de droit. C’est une question de décence, de respect, de valeurs fondamentales. C’est exactement la même chose que ces manifestations d’extrême gauche organisées après la mort de Jean-Marie Le Pen. C’est le symptôme d’un ensauvagement. Quand on ne respecte pas la vie, comme le font les délinquants, on ne respecte pas non plus la mort. Or, le respect de la vie va de pair avec celui de la mort. Ne plus respecter la mort, c’est s’éloigner de la civilisation telle que nos aïeux et les générations précédentes l’ont bâtie. Et c’est révélateur : ce manque de respect, on le retrouve toujours, curieusement, dans le même camp politique.
À l’exception de l’extrême gauche, le reste de la classe politique s’est globalement bien comporté. Cela vous a-t-il surprise ?
Honnêtement, je ne pensais pas qu’ils en étaient capables. Nous avons été tellement maltraités, soumis à un traitement de défaveur si systématique, que j’ai été agréablement surprise. D’ailleurs, il est important que ceux qui ont adopté ce comportement sachent que cela me touche, que cela touche ma famille, mais aussi tous nos électeurs.
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Et qu’avez-vous pensé de la réaction d’Emmanuel Macron ?
Je trouve cette déclaration aussi ambiguë que le personnage. Si c’était une pique, je peux vous assurer que le « jugement de l’histoire » sera bien plus sévère pour Emmanuel Macron que pour Jean-Marie Le Pen. Quoi qu’on pense de Jean-Marie Le Pen, même ses adversaires politiques reconnaissent qu’il a détecté, avec une persévérance héroïque pour l’époque, le problème de l’immigration et qu’il a permis à d’autres de défendre ces idées. L’histoire retiendra cela de lui. Et Emmanuel Macron ? L’histoire retiendra qu’il n’a rien vu et, surtout, rien fait.
Au-delà des polémiques, les archives de l’INA ont révélé un véritable corpus politique autour de Jean-Marie Le Pen. Pensez-vous que, pour les Français, ce sera cet aspect qui finira par dominer leur jugement ?
Sur de nombreux sujets, et pas seulement l’immigration, il a été un visionnaire. On parle souvent de l’immigration, mais il faut aussi évoquer la mondialisation, qu’on appelait encore « globalisation » à l’époque. L’un de ses premiers textes sur le sujet, que j’ai relu il y a quelques années, est d’une actualité stupéfiante. Il y expliquait que l’effondrement des frontières entraînerait une aggravation des flux migratoires, car la main-d’œuvre à bas coût deviendrait indispensable face à la concurrence des coûts de production entre pays. Il évoquait déjà la concurrence internationale déloyale et ses conséquences. Et tout cela, il l’avait analysé dès le début des années 1990.
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Dans ses dernières interviews, on lui a posé plusieurs questions posthumes, dont celle-ci : « Qu’aimeriez-vous que Marine Le Pen se dise après votre mort ? » Il avait répondu : « Qu’elle continue mon combat. »
Exaucé.