Fdesouche

Confrontés à des procédures à rallonge, des peines qu’ils estiment trop douces ou l’absence de réaction des autorités, de plus en plus de Français en arrivent à se faire justice par eux-mêmes. Faute de réponse politique adaptée pour aider les forces de l’ordre et les tribunaux, ces “autojusticiers” risquent de continuer à se multiplier, avec les réseaux sociaux dans le rôle de catalyseur.

Notre société est-elle devenue plus injuste ? Trop laxiste ? De plus en plus de Français semblent le penser, donnant lieu à une nouvelle dérive inquiétante : les “autojusticiers”, comme l’explique dans un livre à paraître ce 30 janvier Pierre Rancé, journaliste et chroniqueur spécialiste du monde judiciaire. Ces dernières années, il a pu constater, comme nombre d’observateurs, la multiplication d’affaires portées à l’attention des tribunaux, dans lesquelles des justiciables deviennent coupables pour avoir voulu se faire justice eux-mêmes. Un phénomène qui ne repose pas vraiment sur des chiffres officiels, mais dont “plusieurs procureurs contactés pour ce livre” font le constat.

Les causes de cette dérive sont multiples et facilement identifiables. Elles sont présentes à tous les échelons de la procédure judiciaire en France : des plaintes non-traitées qui s’accumulent, des tribunaux engorgés, et des prisons qui débordent. Selon un rapport réalisé par une mission d’inspection conjointe des ministères de l’Intérieur et de la Justice en 2022, il y avait 2,7 millions de plaintes en attente, auxquelles s’ajoutent chaque année 3,5 millions de nouvelles procédures. Les enquêteurs sont submergés. En 2023, selon la Cour des comptes, la moyenne nationale des dossiers à traiter est de 119 par enquêteur, un chiffre qui monte à 550 pour la Seine-Saint-Denis.

Aujourd’hui, les policiers le disent clairement aux commerçants quand ils viennent déposer plainte pour un vol : il n’y aura pas d’enquête, parce qu’ils n’ont pas le temps“, nous explique Pierre Rancé. Et quand la procédure a la “chance” d’aller jusqu’aux tribunaux, c’est bien souvent des mois, voire des années après le préjudice. Car la justice elle aussi est saturée. Sans parler de la loi, qui pour certains sujets, comme les squats, n’est pas faite pour permettre aux propriétaires floués de récupérer suffisamment rapidement leurs biens. […]

La Dépêche (article intégral)

Fdesouche sur les réseaux sociaux