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En dépit d’un plan lancé en 2019 pour équiper toutes les cellules d’un téléphone fixe, les mobiles sont omniprésents en prison, malgré les contrôles et les brouilleurs. Ils permettent à des détenus de poursuivre leurs activités criminelles, en organisant des trafics ou en commanditant des crimes.

En 2023, 667 portables ont été saisis à la prison de la Santé, et 53 000 à l’échelle nationale. Pour l’année 2024, le ministre de la justice, Gérald Darmanin, a donné le chiffre de 40 000 saisies. Pendant de longues années, l’administration pénitentiaire a fermé les yeux sur un trafic qui ne faisait pas de bruit. « A partir du moment où les téléphones sont devenus indétectables et qu’on s’est aperçu qu’ils permettaient aux détenus de continuer à gérer leurs affaires à distance et à commanditer des assassinats, c’est devenu un véritable enjeu de sécurité » , confie un magistrat passé par la pénitentiaire.

Impossible pour autant d’y voir le signe d’un éventuel reflux du trafic. Personne d’ailleurs ne s’aventure à donner une évaluation précise du nombre réel de téléphones qui pourraient circuler entre les murs des 186 établissements pénitentiaires du pays. On est donc obligé de se résoudre à un grossier calcul : « Puisqu’on a 80 000 détenus, et que tous ont au moins un ou deux portables, il n’est pas déraisonnable de penser qu’il y en a au moins 160 000 » , réfléchit à haute voix Wilfried Fonck, du syndicat UFAP-UNSA pénitentiaire. Tous les agents reconnaissent en revanche que « ça rentre de partout », et « tout le temps ». Sur le réseau social TikTok, certains prisonniers se transforment même en influenceurs de la taule, postant des vidéos à la vue de tous.. […]

Tout en affirmant que la corruption est marginale, un syndicaliste de la pénitentiaire reconnaît que « la tentation peut exister, mais surtout chez les jeunes qui sortent de l’école, et qui se rendent compte qu’avec un salaire de 1 400 euros c’est difficile de s’en sortir ».

Le Monde

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