Une décision qui intervient à quelques semaines des élections législatives outre-Rhin. Les conservateurs allemands et l’extrême droite ont allié leurs voix à la chambre des députés, mercredi 29 janvier, pour faire adopter ensemble de justesse un texte visant à durcir la politique migratoire du pays.
La motion, qui n’a pas de valeur contraignante, a été proposée par les conservateurs et a été soutenue par le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). L’annonce brise un tabou dans le pays, où les partis traditionnels avaient exclu jusqu’ici toute coopération avec l’extrême droite au niveau fédéral. Le texte a recueilli 348 votes positifs, 345 contre et 10 abstentions.
La motion demande notamment que l’Allemagne refoule à la frontière tous les étrangers non munis de document d’entrée en règle, y compris les demandeurs d’asile. Elle a été déposée après une agression au couteau imputée à un Afghan en situation irrégulière, qui a fait deux morts dont un enfant, et ébranlé l’opinion allemande.
Une “erreur impardonnable” pour Olaf Scholz
Un peu plus tôt, le chancelier allemand, Olaf Scholz, avait qualifié d’“erreur impardonnable” cette alliance. “Depuis la fondation de la République fédérale d’Allemagne il y a plus de 75 ans, il y a toujours eu un consensus clair de tous les démocrates dans nos parlements : nous ne faisons pas cause commune avec l’extrême droite”, a lancé le dirigeant social-démocrate devant les députés. “Il n’est pas indifférent de collaborer avec l’extrême droite, pas en Allemagne”, a averti le chancelier, alors que le Bundestag a commémoré le même jour les 80 ans de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.
Une mise en garde qui s’adressait particulièrement au chef de file de l’opposition conservatrice, Friedrich Merz. Le responsable est favori des sondages pour devenir le nouveau chancelier à l’issue des élections législatives, qui auront lieu le 23 février. “Une bonne décision ne devient pas fausse parce que les mauvaises personnes sont d’accord, elle reste importante”, a répliqué le conservateur au chancelier, appelant sociaux-démocrates et Verts du gouvernement à endosser ses propositions. Ces deux partis les rejettent car ils les jugent contraire au droit d’asile.