Député macroniste depuis 2017, Belkhir Belhaddad annonce au Figaro quitter le groupe Ensemble pour la République, dirigé par Gabriel Attal. Cet ancien socialiste, élu à Metz (Moselle), fustige la réouverture du débat sur le droit du sol, entretenu par les ministres Bruno Retailleau (Intérieur) et Gérald Darmanin (Justice). Tout comme il regrette le lancement d’un «débat public» sur l’identité française évoqué vendredi par François Bayrou. C’est le premier départ d’un député de la majorité parlementaire, depuis la nomination du centriste à la tête du gouvernement. (…)
Membre de l’aile gauche du camp Macron, l’élu pointe «un terrain dangereux» pour le «projet républicain».
LE FIGARO. – Que pensez-vous de l’approbation jeudi, par l’Assemblée nationale, de la restriction du droit du sol pour accéder à la nationalité française à Mayotte ?
BELKHIR BELHADDAD. – J’ai voté contre la proposition de loi. Le ministre de l’Intérieur, tout comme la droite républicaine et l’extrême droite, ne cachent pas vouloir étendre cette restriction en métropole. J’y suis totalement défavorable. Le droit du sol constitue l’un des fondements de notre République. Le cœur du projet républicain est remis en cause. Quand on ouvre la boîte de Pandore, on libère d’incontrôlables opinions.
Sur le droit du sol à Mayotte, la position du groupe de Gabriel Attal ne correspond pas du tout aux engagements que j’avais pris lors des élections législatives. Ça n’a jamais été mon combat. C’est un terrain dangereux, glissant. À travers cette position, le chemin a été pris d’un glissement vers les idées du Rassemblement national (RN). C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de quitter le groupe Ensemble pour la République.
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Ne faut-il pas instaurer des mesures restrictives en matière d’immigration ?
C’est important de traiter la question migratoire. C’est une préoccupation des Français, mais on ne la prend pas par le bon bout. (…) Ce qui se cachait derrière la loi immigration, contre laquelle j’ai voté en décembre 2023, c’est la «préférence nationale» dans l’accès à certaines prestations sociales, défendue par le RN et par le ministre Retailleau. Et aujourd’hui, on nous refait le même coup, en proposant un débat sur «qu’est-ce qu’être Français». Comme celui sur l’identité nationale sous Nicolas Sarkozy, en 2009 !
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Appelez-vous d’autres députés à quitter aussi le groupe ?
Non, c’est une prise de position personnelle, liée à mon histoire. Je suis un enfant de l’immigration, j’ai épousé la langue française, les valeurs de la République. Si je suis devenu député, c’est grâce à la méritocratie républicaine, pour défendre ces principes et ces valeurs, y compris quand elles sont menacées par le RN. J’appelle les uns et les autres à la raison : restons sur nos valeurs universelles, génératrices de cohésion dans notre pays et inspirantes pour le monde.
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(Merci à Vert.)