La société haïtienne est choquée aujourd’hui après avoir appris que des membres d’un gang ont brûlé un bébé devant sa mère, qui, de tant de tristesse, s’est effondrée et est décédée. L’incident s’est produit lors du siège de la commune de Kenscoff, lorsque les bandits ont attaqué Eliana Thélémaque et lui ont ordonné de jeter sa petite progéniture à la peau claire dans un feu de joie qu’ils avaient préalablement allumé.
Eliana Thélémaque, en tant que mère, finit par refuser, car elle n’en avait pas le courage. Elle les supplia, et ils n’hésitèrent pas à lui arracher l’enfant des bras et à le jeter dans les flammes. Le choc psychologique s’est produit immédiatement, la jeune mère a perdu la tête et a commencé à errer sans but dans les rues. (…)
À quel moment, à quelle heure du jour ou de la nuit Éliana Thélémaque et son nourrisson ont-ils croisé la route de leurs bourreaux ? Certaines sources parlent de tabassage et de viol de la jeune femme. Rien de surprenant, la norme, quasiment. Des faits invérifiables même si quasi certains. Le supplice de son enfant, par contre, est indubitable.
Si le prénom de la jeune mère signifiait Dieu et son nom de famille renvoyait aux épopées grecques, c’est bien le Mal absolu qu’elle et son jeune fils ont croisé. Bien une traversée abominable des Enfers plutôt qu’une Odyssée glorieuse à laquelle ils ont dû se plier.
La photo du bonheur était magnifique. Elle est aujourd’hui insupportable. Elle déchire l’âme de celui qui la regarde.
Intimant l’ordre à la récente accouchée de participer au bûcher de son petit, la menaçant d’une balle, devant le refus de celle-ci les idiots utiles du chaos ont arraché de ses bras le jeune innocent. Avant de le jeter vivant, sous les yeux de sa mère, dans les flammes. Les hurlements de l’enfant résonneront des semaines durant dans la tête d’Éliana. Qui perdit très certainement la raison ce jour-ci. En état de choc total, elle errera de commune en commune pendant de longues journées sans sens, refusant obstinément de s’alimenter, hantée par les cris et la vision d’horreur de son petit dévoré par le feu, sous les rires gras des véritables fous. Des damnés, des exclus à présent de l’humanité.
Ce 14 février 2025, pendant que d’autres à travers le monde célébraient l’amour, le cœur brisé d’Éliana Thélémaque rendait les armes, après deux semaines de privation volontaire de nourriture. Arrivée jusqu’au quartier de Delmas 13, des passants connaissant son histoire tragique, inquiets de son état physique et psychologique, décidèrent de l’emmener jusqu’au commissariat local, espérant une prise en charge. Mais la jeune femme détruite de se laisser partir. Hantée par ses abominables visions.
Aujourd’hui la population haïtienne est sous le choc à son tour, après le récit du calvaire de cette jeune femme jusqu’ici rayonnante et de son enfant supplicié. Haïti tremble devant la férocité sans plus aucune limite de ces gangs en passe de contrôler le pays entier. (…)
(Merci à Anne.)