L’un des quatre reporters français retenus en otage en Syrie a livré, mercredi, un témoignage très documenté sur ses onze mois passés dans la « machine à tuer » du groupe terroriste. Il a aussi formellement reconnu la voix d’un de ses tortionnaires, le Français Mehdi Nemmouche. (…)
Au cours de leur captivité, les quatre otages français du groupe djihadiste – Edouard Elias, Didier François, Nicolas Hénin et Pierre Torres – sont passés par six différents lieux de détention. Ils y ont croisé d’autres captifs, dont cinq Anglo-Saxons qui finiront décapités. Si un groupe de geôliers britanniques, surnommés les « Beatles », se montrait particulièrement sadique avec les anglophones, les Français avaient une prédilection pour leurs compatriotes. « Il y avait une vraie haine, énorme. On a été frappés par des arabophones, mais jamais on a ressenti cette haine. Les Français se défoulaient sur nous… »
Les passages à tabac les plus récurrents se déroulaient lors de ce qu’Edouard Elias appelle la « tournée de chiottes », la sortie de cellule, en file indienne, pour faire ses besoins. « A chaque fois qu’on sortait dans le couloir, on se faisait lyncher. On s’en prenait plein la gueule, c’était gratuit. C’était Disneyland pour eux. C’était Bam, bam, les coups, les décharges de Taser… Sur le retour, on regardait qui avait été le moins blessé et on le mettait devant pour pas que le “petit train” tombe, car on avait peur qu’ils nous tuent par bêtise. Y avait un mec avec un RPG [lance-roquettes] dans le couloir ! On est quand même chez des allumés ! » (…)
(Merci à Pollux.)