« BMF ». Trois lettres pour signifier « Black Mafia Family » ou « Black Manjak Family ». Les deux appellations sont utilisées pour désigner une intrigante organisation criminelle, clanique et communautaire longtemps passée sous les radars des services de police spécialisés et découverte à l’occasion des neuf mois d’enquête très discrète sur l’évasion mortelle de Mohamed Amra. Une bande qui réunit des Manjaques, un peuple de la Guinée-Bissau, liés par des liens familiaux plus ou moins étroits. Selon nos informations, ce collectif de malfaiteurs ultra-violents est soupçonné d’avoir joué un rôle majeur dans l’attaque au péage d’Incarville (Eure), le 14 mai 2024. Drame ayant conduit à la libération de « La Mouche », mais aussi au meurtre odieux de deux agents pénitentiaires qui escortaient le détenu jusqu’à la maison d’arrêt d’Évreux. (…)
D’après des sources proches de l’enquête, un grand nombre de suspects ont été arrêtés dans la région normande, fief de Mohamed Amra : à Évreux, à Rouen, à Sotteville ou encore au Havre. Et parmi eux, plusieurs membres de la « Black Manjak Family ». Un groupe mystérieux qui se livrerait au narcotrafic, en Normandie, sa zone principale, mais aussi possiblement jusqu’à Marseille, où des soupçons de complicité avec les réseaux locaux sont apparus récemment.
Les fondateurs de la « BMF » auraient choisi ce nom par revendication identitaire – ses membres sont français mais ont des origines en provenance d’Afrique subsaharienne –, par l’influence de la culture urbaine mais aussi par mimétisme avec d’autres groupes criminels internationaux aux sigles similaires – tels les « Cults », ces mafias nigérianes avec lesquelles ils n’ont pourtant rien à voir.
Dans cette organisation secrète, plusieurs clans familiaux intéressent les policiers qui enquêtent sur l’évasion de « La Mouche ». En particulier, la famille G. Au moins l’un de ses membres a été placé en garde à vue lors de l’opération de samedi à dimanche : un jeune homme de 27 ans, employé officiellement comme cariste et déjà connu pour des faits délictuels. Son éventuel rôle dans la préparation de l’évasion interroge.
Cette organisation criminelle « multicartes », passée maître dans l’art de la dissimulation, s’adonnerait aussi à d’autres activités criminelles. Selon nos informations, « la BMF » fait dans la protection et la sécurité de personnalités de manière non officielle, notamment de rappeurs. Les enquêteurs soupçonnent ainsi le groupe de graviter autour de Koba LaD, célèbre artiste récemment incarcéré après un accident mortel à Créteil (Val-de-Marne), qui a coûté la vie à l’un de ses proches. (…)
D’après les informations recueillies, Mohamed Amra compterait dans son entourage de nombreux membres de la BMF, dont il ne ferait pas partie lui-même. Le narcotrafiquant aurait néanmoins l’habitude de travailler avec ce clan, notamment pour l’importation de cannabis en provenance du Maghreb. « La police judiciaire n’avait jamais eu affaire à un groupe criminel aussi méfiant et pointu dans leurs connaissances des techniques d’investigations policières », confie un haut fonctionnaire. (…)
Voir aussi :
Arrestation de Mohamed Amra : selon un média marocain, les deux individus arrêtés au Maroc seraient Alan Gomes et Albinou Dasylva (tous deux notice rouge Interpol)https://t.co/LgthJmHuXj https://t.co/N237UFmjmc pic.twitter.com/FyZSeDsWQ1
— Fdesouche.com est une revue de presse (@F_Desouche) February 24, 2025