Mis en cause sur la certification des produits halal ou encore critiqué par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, pour ses liens de proximité avec le pouvoir algérien, le recteur Chems-Eddine Hafiz nous reçoit dans son bureau, à l’étage de la Grande mosquée de Paris. Il faut passer un sas de sécurité, gardé par plusieurs policiers, avant de pouvoir échanger avec ce responsable du culte musulman, ancien avocat d’affaires. Entretien.
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Quelles sont vos relations avec le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau ?
Je le connaissais avant qu’il ne soit ministre. Qu’il ait une ligne dure sur la laïcité ou l’immigration ne me gêne pas outre mesure. C’est l’amalgame qui serait fait entre islam et islamisme qui me poserait un problème. Mais on m’a dit du bien de son attention au Forif. Il est sensible à un islam républicain. C’est un croyant, tout cela a du sens pour lui.
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La Grande mosquée de Paris a été mise en cause dans la certification des produits halal exportés d’Europe vers l’Algérie. Un monopole qui lui rapporte 5 millions d’euros…
Je n’ai fait qu’essayer d’avoir ces sources de revenus. Nous sommes dans un État laïc où la loi de 1905 lui interdit de subventionner un culte. Ce serait mal d’avoir des revenus pour financer nos actions ? L’Algérie a décidé de nous confier la certification halal pour les produits qu’ils importent. Tout a été fait dans les normes dès 2022, quand l’accord a été signé. L’Union européenne a été avisée. Le ministère de l’Économie n’a rien trouvé d’illégal dans cette procédure. Cette polémique tombe au moment où des influenceurs algériens ont des discours intolérables, avec des frictions entre les deux pays. Résultat : je suis devenu l’ambassadeur bis de l’Algérie, et la Grande mosquée, une entité étrangère.
C’est-à-dire ?
Je serais devenu le pire des islamistes, à la solde d’un autre pays. Il y a toujours un soupçon me concernant et plus largement, sur l’islam. Pourquoi ne serait-on pas une religion comme les autres ? Le recteur ne peut pas être un homme normal, il faut qu’il soit voleur et islamiste. C’est bien aux islamistes que cela fait plaisir : ils se disent Tiens, le recteur républicain est attaqué… Certains ont même dit que mon entrevue avec le pape, c’était pour me racheter une image, dont une ex-ministre, sur X (Noëlle Lenoir, ministre déléguée chargée de l’Europe de France entre 2002 et 2004). Avocat, je n’ai jamais subi une telle forme de racisme. J’ai 70 ans, je fais avec… mais le gamin de 15 ans attaqué parce qu’il s’appelle Mohamed ?
Mais à quoi sert cet argent issu du halal ?
Il ne va pas dans ma poche. Les milliers de repas solidaires distribués durant le ramadan, ou la construction d’un centre de formation d’imams républicains, cela ne tombe pas du ciel. Il faut arrêter de fantasmer !
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