Dans un contexte de grave crise avec l’Algérie et dans une France toujours aussi hantée par les démons du rejet de l’autre, plus d’un siècle après Émile Zola, le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-Eddine Hafiz, né à Alger, lance son « J’accuse » dans le dernier numéro de « Iqra », la revue de cette institution.
M. Hafiz est outré d’écouter depuis des semaines des « flots de fiel déversés sur ce que l’on nomme, avec une commode désinvolture, l’immigration algérienne ». L’allusion est évidemment au discours de l’extrême-droite qui fait de l’immigration algérienne un point de fixation dans un contexte de grave crise diplomatique entre l’Algérie et la France. […]
« Encore et toujours, l’immigration algérienne est l’objet des pires fantasmes, des pires accusations, des plus lâches manipulations politiques », s’indigne Hafiz qui dénonce une « éternelle mise en procès », et une « condamnation sans preuve » des binationaux, notamment d’origine algérienne. […]
« J’accuse ceux qui font profession d’oublier que la France est aussi l’œuvre de ces fils et filles d’immigrés », insiste-t-il, concluant en fustigeant « ceux qui alimentent la haine » et en appelant « ceux qui croient encore en la justice à ne pas se taire ». […]
Plus d’un siècle après, le racisme, la stigmatisation et l’ingratitude n’ont fait que changer d’objet. Cette fois, ce n’est pas d’un capitaine juif dont il s’agit. Mais des millions de citoyens, stigmatisés, car issus de l’immigration musulmane, maghrébine, algérienne. […]