À la question d’où puisent les politiques leur obsession du voile des femmes musulmanes ?
— Rima Hassan (@RimaHas) March 20, 2025
Affiche de propagande coloniale française en Algérie. pic.twitter.com/eqCn077q8d
Extrait d’un article où l’historienne Christelle Taraud évoque parmis les courants féministes du temps de l’Algérie Française, celui d’un “féminisme profrançais”
Il s’agit d’une mouvance née de la connexion entre des épouses de militaires français investies dans la philanthropie et des femmes algériennes éduquées, modernes, qui souhaitent sortir la société algérienne de son « archaïsme » et prônent l’émancipation des femmes sur le modèle des sociétés occidentales et laïques. Elles réclament le droit de vote, dont les femmes musulmanes d’Algérie ont été privées (…)
C’est cette mouvance qui va organiser la fameuse cérémonie du dévoilement sur la place du Forum, à Alger, en mai 1958. L’une de ses cheffes de file est Nafissa Sid Cara, aujourd’hui méconnue bien qu’elle occupe alors une position politique incroyablement importante. Elle est en effet l’une des premières femmes musulmanes à être élues députées (à Alger, en novembre 1958), puis elle est appelée par de Gaulle en 1959 comme secrétaire d’Etat « chargée des Questions sociales en Algérie et de l’Evolution du statut personnel de droit musulman » dans le gouvernement Michel Debré.
Nafissa Sid Cara met en avant une vision laïque de la société algérienne et souligne le caractère violent de la domination masculine dans le cadre patriarcal traditionnel. Seulement, elle le fait dans un contexte politique problématique : depuis un gouvernement dont la logique est encore celle de l’Algérie française.
Elle a le parfait cursus honorum républicain. Fille d’instituteur, elle est née en 1910 près de Sétif, au sein d’une famille de sept enfants proche des idées d’Abd el-Kader, qui prône la fusion du meilleur des deux mondes, Orient et Occident… Excellente élève, elle passe tous les diplômes et devient professeure de lettres, avant de se lancer dans une carrière politique. Elle est intégrée à l’association Solidarité féminine, créée par les épouses des généraux Massu et Salan, Suzanne et Lucienne, dont l’un des objectifs est de s’attaquer à des symboles. Et donc au voile.
(…) au moment de l’indépendance en Tunisie, Bourguiba organise lui aussi des cérémonies de dévoilement public… A cette époque, les femmes ont l’espoir qu’ôter le voile puisse être le symbole de l’évolution réelle de leur condition. (…)
Ce grand spectacle populaire est organisé place du Forum, à Alger, mais aussi dans d’autres villes comme Oran et Philippeville. La volonté est de convaincre les Algériennes que la France est de leur côté, qu’elle va les libérer de l’oppression patriarcale et qu’il faut aller voter pour de Gaulle en disant oui au référendum, alors même que le FLN a clairement demandé de ne pas se rendre aux urnes, comme un acte de résistance passive.