Baptiste Coulmont, Professeur des universités (École Normale Supérieure Paris-Saclay) a étudié l’attribution des prénoms depuis le début du XXème siècle. Vers 1900, la quasi-totalité des bébés recevait un prénom dérivé ou proche de celui d’un saint catholique. Ils ne sont plus qu’un quart aujourd’hui dans ce cas.
Quelle que soit la source consultée, du calendrier des Postes à la liste des saints de la Conférence des évêques de France, on constate que la proportion de bébés nés en France et recevant un prénom de saint catholique diminue au cours du dernier siècle. […]
On peut expliquer cette diminution de différentes manières. En faisant référence à la sécularisation de la société française dans laquelle l’Église romaine joue un rôle moindre, concurrencée par d’autres institutions. Rappelons qu’en 2019-2020, 25% des Français se déclaraient catholiques contre 43% en 2008-2009. Mais on peut faire référence aussi au goût parental pour la nouveauté : or les prénoms des Saints ont de grande chance d’être des prénoms démodés, puisqu’ils étaient donnés par les générations précédentes.
On peut enfin insister sur la libéralisation du choix (effective depuis 1993 mais en gestation depuis plusieurs décennies), qui permet aux parents de sortir de la référence aux « usages des différents calendriers ». La diversification religieuse joue sans doute un rôle, aussi : il est évident que le répertoire catholique n’est pas celui de l’islam ou du bouddhisme.
Les personnes nées au début du XXe siècle avaient entre 4 et 5 fois plus de chance d’être nommées « Z » si elles naissaient le jour de la Saint-Z qu’un autre jour de l’année. Pour les personnes nées dans les années 1980 (et déjà décédées) il n’y a plus d’effet « Saint du jour ».
La disparition a été plus lente sur les seconds prénoms, ces prénoms invisibles, connus du seul entourage proche : ces prénoms sont souvent des prénoms d’une génération plus âgée (cousines et cousins, grands-parents, oncles et tantes) et de plus associés au parrainage et donc à un saint protecteur. […]
On peut même penser qu’aujourd’hui naître le jour de la Saint-Z conduit les parents à éviter ce prénom : le choix du prénom se vit parfois comme un choix libre, entièrement libre.
The Conversation (Article intégral)