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L’affaire de proxénétisme impliquant sept jeunes hommes qui va être jugée fin avril à Evry est symptomatique de petits réseaux locaux qui apparaissent sur tout le territoire. Les enquêteurs font souvent face à des suspects qui estiment n’avoir donné que des « conseils » ou un « coup de main », et des victimes qui ne se considèrent pas comme telles.

Sur le corps de la jeune femme de 20 ans, un tatouage en lettres noires majuscules se détache des autres. Wendy (un prénom d’emprunt) explique aux enquêteurs porter le sceau de son proxénète, comme un paquet de cocaïne porte celui de son cartel. Inscrit « de force » en bas de son dos : « Cartel drogua 81 ». « C’est comme ça qu’il appelle son business, précise-t-elle. Soit “cartel drogua 81”, soit “cartel puta 81”, selon qu’il bosse sur le stup ou avec le proxénétisme. » Deux canaux Telegram, pour deux trafics parallèles, dans le Tarn.

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Ces interconnexions entre affaires de proxénétisme et trafics de stupéfiants s’observent désormais sur tout le territoire français, souvent à petite échelle. Ces dossiers hybrides, marqués par la diversification de dealeurs vers la « gestion » de réseaux de prostitution, de plus en plus nombreux, concernent particulièrement la Seine-Saint-Denis. « Ces derniers mois, nous constatons un élargissement des activités de trafiquants de stupéfiants vers le proxénétisme des mineurs, alerte le procureur de Bobigny, Eric Mathais. Il s’agit d’une activité qu’ils considèrent comme moins risquée, tout en étant particulièrement lucrative, même lorsqu’elle est réalisée à petite échelle. »

A la brigade de répression du proxénétisme de la police judiciaire parisienne, qui s’occupe des victimes majeures, la commissaire divisionnaire, Virginie Dreesen, croise elle aussi ce profil montant du « trafiquant de stups qui a mesuré l’intérêt de se réorienter », parce que c’est « moins risqué et moins coûteux de se lancer ». « Dans le stup, le milieu est concurrentiel et dangereux, il faut une mise de départ importante, acheter le produit, développer un réseau de distribution, tenir un point de deal ou un fichier de clients… Alors que, pour le proxénétisme, le coût d’entrée est réduit », explique-t-elle : soit une simple annonce postée en ligne, un appartement loué sur une plateforme et des jeunes filles « harponnées » par le biais des réseaux sociaux.

Les « stupeux » dupliquent alors leur « savoir-faire », calquant avec quelques filles les méthodes de leur business monté dans le narcotrafic. Ils embauchent les mêmes petits « choufs », cette fois chargés de la sécurité des prostituées, payent en partie leurs troupes en « consommation », fabriquent et entretiennent les dettes pour maintenir sous emprise leurs petites mains, les forcent à rembourser en « travaillant »…, et importent au passage la violence de leur business d’origine et les armes qui y ont été acquises.

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Le Monde


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