Comment voyez-vous l’avenir proche à l’aune de vos analyses ?
La communautarisation que j’analyse dans mon livre est en train de prendre le pas. Ce qu’on oublie dans la communautarisation c’est que si les minorités se communautarisent, la majorité blanche, elle aussi, va se communautariser. Et ce sera toujours en défaveur des premiers. C’est ce qui est en train de se passer aux États-Unis. Le Blanc de l’Amérique périphérique, au lieu de se définir comme un ouvrier comme cela aurait été le cas dans les années soixante-dix, se définit avant tout aujourd’hui comme un Blanc. Comme un Blanc délaissé par les politiques d’identités à New York et en Californie, qui va se venger en votant Donald Trump.
Il y a aussi de ça dans le vote RN. Des gens qui se sentent déclassés dans le vote RN et qui ont l’impression que tout est fait pour les minorités. Ce qui est évidemment faux. Même si j’aimerais préciser que quand l’on vit en banlieues, l’ascenseur social est très faible, mais il est quand même supérieur à celui de la Creuse. Le risque, ce serait que ce néolibéralisme identitaire se transforme en néolibéralisme totalement blanc avec de nouvelles formes de suprématies blanches renouvelées.
