26/04/25
Selon La Croix, quatre historiens – John Tolan (Nantes), Mercedes Garcia-Arenal (Madrid), Roberto Tottoli (Naples) et Jan Loop (Copenhague) – mènent depuis 2019 le projet « EuQu » (« European Qur’an ») pour retracer l’influence du Coran en Europe entre 1150 et 1850. Doté de 9,8 millions d’euros de la bourse Synergy Grant du Conseil européen de la recherche (ERC), le programme court jusqu’au 31 mars 2026 et finance doctorants, expositions (Tunis, Vienne, bientôt Nantes) et un livre collectif attendu le 30 avril.
Les chercheurs estiment que le Coran fut un moteur intellectuel méconnu : après la première traduction latine (1143), il devint un outil théologique utilisé « pour mieux le réfuter » ; en 1543, Martin Luther fit précéder d’une préface une traduction destinée à combattre l’islam et le pape, tandis que le catholique Guillaume Postel soulignait des parallèles avec le protestantisme. « Pour nous, il y a un réel enjeu d’informations pour montrer que l’Europe n’a pas été seulement chrétienne », explique John Tolan, rappelant : « Nous sommes des historiens donc nous réécrivons constamment l’histoire grâce au fruit de nos recherches. »
L’ERC assure que « l’excellence scientifique est le seul critère d’évaluation. » Le montant accordé est « un financement tout à fait standard pour ce type de projet ».
14/04/25
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9 842 534 euros. C’est la contribution attribuée par le Conseil européen de la recherche – organisme créé par la Commission européenne et financé grâce au budget de l’UE – pour « Le Coran européen ». Un projet qui s’inscrit dans le programme de l’UE intitulé « Excellence scientifique », visant à… rattraper le « retard pris dans la course à la production scientifique de pointe et d’excellence » face aux États-Unis ! (…)
Ce projet, également connu sous l’acronyme « EuQu », a débuté le 1er avril 2019 et s’achèvera le 31 mars 2026. Porté par une trentaine de chercheurs d’université espagnols, italiens, néerlandais, hongrois, danois et français (Nantes), il a pour objectif de « découvrir comment le Coran a influencé la culture et la religion en Europe, entre 1150 et 1850 ». Mais sur le site internet créé après l’obtention de la subvention, les responsables sont plus précis : « Notre projet repose sur la conviction que le Coran a joué un rôle important dans la formation de la diversité et de l’identité religieuses de l’Europe au Moyen Âge et au début des Temps modernes, et qu’il continue de le faire. » La volonté de « remettre en question les perceptions traditionnelles du texte coranique et les idées bien établies sur les identités religieuses et culturelles européennes » n’est pas cachée.
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Dès la première présentation publique du projet, John Tolan, professeur d’histoire médiévale à l’université de Nantes – l’un des quatre codirecteurs et sans doute le plus actif – reconnaissait que « parler de Coran européen, c’est un peu une provocation ». Il parlait même de « récidive », après la publication de son livre Mahomet l’Européen, en 2018. Mais s’il est combattu par ce qu’il appelle alors « l’extrême droite », John Tolan est plébiscité par des sphères réputées proches des Frères musulmans.
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