L’ex-présidente de l’association «Grand Cœur» comparaissait ce lundi 28 avril devant le tribunal correctionnel de Marseille pour des faits d’abus de confiance sur de nombreuses victimes issues de milieux modestes et résidant dans les quartiers nord. Un peu plus de 53.000 euros avaient été soutirés à ces derniers entre septembre 2022 et décembre 2023 par Fatima A., qui leur avait proposé des voyages à des prix défiants toute concurrence. Mais les séjours n’ont jamais été honorés et les fonds siphonnés aux victimes. (…)
«Vous mettez en avant vos problèmes de santé, vous l’invoquez sans cesse par message pour dire que vous passez de mauvaises périodes. Vous allez même jusqu’à prendre des photos du père d’une partie civile sur son lit d’hôpital, et vous l’envoyez à tout le monde en le faisant passer pour votre oncle afin d’expliquer votre absence. Comment pouvez-vous vous autoriser à utiliser ces photos ? », s’étrangle la présidente du tribunal devant une assemblée médusée. (…)
Fatima A., refusant de reconnaître toute forme de culpabilité malgré des preuves accablantes. L’étude des comptes de l’association Grand Cœur a ainsi révélé que la suspecte avait opéré de nombreux virements vers son compte bancaire personnel, dépensant l’argent des familles lésées dans du matériel multimédia, du carburant et même une prestation dans un institut de beauté. (…)
Pis encore, Fatima A. est soupçonnée d’avoir embarqué avec elle sa propre fille âgée d’une vingtaine d’années en la nommant trésorière de son association à son insu. La quadragénaire s’est aussi emportée contre ses propres victimes, les accusant d’un coup monté pour la faire tomber. «Madame, est-ce qu’une parole a une valeur ?», s’est emportée la présidente du tribunal devant un énième retournement de veste de Fatima A., dont la structure était autrefois soutenue par le département et le bailleur social 13 Habitat à coups de subventions de plusieurs milliers d’euros. (…)
«C’est un honneur d’accompagner ces victimes, dont la confiance abusée a été durablement abîmée. Le piège était imparable, parce qu’il y a le même lieu de vie, des quartiers peu favorisés de Marseille, des relations amicales, Madame A. qui s’affiche sur les réseaux avec des élus locaux. Et le lieu de commission de l’infraction, ce local d’Habitat 13. Avec comme un pied de nez, cette association Grand Cœur. Comment ceux-là pouvaient ne pas tomber dans le piège ?», a plaidé Me Nicolas Berthier, avocat représentant plus d’un tiers des parties civiles.
La décision du tribunal sera rendue le 11 juin prochain. (…)